Je rassure d’emblée les praticiens qui s’intéressent à ce blog : je ferai dans les prochains messages un point clinique et simplifié de ce message particulièrement pointu.
Il y a des articles qui marquent lorsqu’on les découvre, qui restent dans notre saccoche pendant plusieurs jours, au cas où, par chance, un déplacement en TGV est prévu ou un patient avec 2 heures de RDV se décommande au cabinet.
C’est le cas de l’article de Y. Liu et al. Limitations in Bonding to dentin and experimental strategies to prevent bond degradation. J Dent Res 90 (8) : 953-968, 2011 qui vient tout juste d’être publié dans la meilleure revue odontologique.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21220360
Après son explosion au début des années 90, l’adhésion aux tissus dentaires entre aujourd'hui dans sa phase de maturité. Après avoir travaillé pendant des années à comprendre les mécanismes de l’adhésion, et à chercher les formules chimiques des monomères qui permettaient au mieux d’obtenir la fameuse couche hybride, les chercheurs se penchent depuis quelques années sur les mécanismes de dégradation de cette couche hybride. Arrêter ou retarder cette dégradation permettrait probablement d’augmenter substantiellement la durée de vie de nos restaurations adhésives.
Depuis quelques années, on lit ça et là qu’il existe 3 modes principaux de dégradation de cette couche hybride : 1) L’hydrolyse par absorption d’eau 2) L’incomplète infiltration de l’adhésif 3) La dégradation enzymatique par les MMPs (métalloprotéinases 1, 2, 8 et 13 ) et les cystéines protéases notamment la cathepsine K.
Cet article fait la synthèse complète et claire de ce que nous savons sur ce sujet.
Mais ce qu’il y a de plus formidable encore dans ce papier, c’est que les auteurs synthétisent l’ensemble des stratégies expérimentales qui permettent d’éviter ces 3 phénomènes. Ils en dénombrent 5: 1) Augmentation du taux de conversion des monomères et de la résistance aux estérases 2) Inhibition de l’activité collagénolytique des enzymes cités plus haut 3) L’utilisation d’agents de cross linking 4) l’Ethanol Wet bonding avec des résines hydrophobes et enfin 5) la reminéralisation biomimetique des laisons adhésives à la dentine.
Au total toutes les données actuelles sur la dégradation de l’adhésion et les principales voies de recherche pour les 10 années qui viennent. Juste ça.
Epoustouflant !
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