C’est une question que l’on me pose régulièrement et à
laquelle il est toujours un peu difficile de répondre pour les 3 raisons principales
suivantes :
1) La qualité de la manipulation est au moins aussi
importante que la qualité de l’adhésif. D’ailleurs, le Pr Michel Degrange, spécialiste
incontesté du sujet, l’avait parfaitement montré dans le cadre de ses fameuses « batailles
de l’adhésion ».
2) Le turn over incessant des adhésifs nous empêche la
plupart du temps d’avoir du recul sur le produit. Parfois un même fabricant
sort un adhésif différent chaque année…
3) Les données actuelles du vieillissement de la couche
hybride (voir message n°3 de ce blog) ne sont, le plus souvent, pas intégrées
dans les formulations des adhésifs.
Pour répondre à cette question et afin de respecter les
principes de l’Evidence Based Dentistry (sur laquelle j’écrirai un message
prochainement), il serait idéal de trouver des méta-analyses d’études cliniques
contrôlées et randomisées. Malheureusement elles ne sont pas encore disponibles
sur ce sujet. En attendant nous devons nous contenter de méta-analyses d’études
in vitro sur des tests d’adhérence.
Dans cet article récent*, publié en avril 2012 dans le
Journal of Dental Research, J. De Munck et al, probablement les meilleurs spécialistes
mondiaux des adhésifs, se fixent comme objectif, à partir de 2157 tests
d’adhérence décrits dans 298 publications, d’évaluer s’il existe une tendance
générale. Ces 298 articles ont été trouvés sur 2 bases de données : Pubmed
que vous connaissez maintenant, mais aussi Embase (qui est une autre base de
données biomédicales encore plus volumineuse que Pubmed). Il est reconnu par
tous qu’une recherche bibliographique est considérée comme incomplète si Embase
n’est pas incluse. Cela a été montré notamment pour les études cliniques
(Suarez-Almazor et al**, 2000).
Grâce à un instrument statistique original (Artificial
Neural Networks « inspired by the working mechanism of the human brain »),
ces auteurs sont parvenus à classer les systèmes adhésifs en fonction des
valeurs d’adhérence à 24 heures mais aussi à 1 an dans l’eau.
Je vais donc citer, comme les auteurs dans leur discussion, les 2 adhésifs qui arrivent en tête :
En premier, l’Optibond FL (Kerr) 49,7 MPa à 24h et 44,8 MPa à 1 an soit une
chute de seulement 10%. En deuxième le Clearfil SE Bond (Kuraray) 45,4 MPa à
24h et 38,6 MPa à 1 an soit une chute de 15%. Ces résultats avaient déjà été
obtenus, notamment pour l’Optibond FL, par le Pr Gaetane Leloup***, dans un
travail similaire sur 75 études, 10 ans plus tôt.
Les auteurs qualifient le premier adhésif de « gold
standard » et citent plusieurs références qui montrent, qu’en plus de ces excellents résultats in vitro, les 2 premiers
présentent d’excellentes performances cliniques.
En attendant la publication de méta-analyses d’études
contrôlées randomisées, nous avons donc déjà quelques éléments de réponse à la
question posée en titre de ce message.
*De
Munck J, Mine A, Poitevin A, Van Ende A, Cardoso MV, Van Landuyt KL, Peuman M,
Van Meerbeek B. Meta-analytical review of parameters involved in dentin
bonding. J Dent Res 2012,
91(4) : 351-357.
**Suarez-Almazor
ME, Belseck E, Homik J, Dorgan M, Ramos-remus C. Identifying Clinical Trials in
the Medical Literature with Electronic Databases MEDLINE Alone is not enough.
Controlled Clinical Trials 21 : 476-487 (2000).
***Leloup
G, D’Hoore W, Bouter D, Degrange M, Vreven J. Meta-analytical review of factors
involved in dentin adherence. J Dent Res 2001, 80 (7) : 1605-1614.